La Société de Surveillance Minière (SSM) : Un Laboratoire et une Référence Congolaise

En 2005, lorsque des jeunes cadres congolais du Katanga créaient la Société de Surveillance Minière (SSM), un laboratoire dédié à l’analyse chimique des minerais extraits en vertu d’un droit minier de la République Démocratique du Congo (RDC), la détection et la quantification de toute autres substance minérale associée l’analyse des métaux, l’analyse des alimentations des usines, l’analyse des rejets et  effluents usines et toutes autres analyse en rapport avec une activité minière de recherche, d’exploitation ainsi qu’environnementale, peut-être ils ne savaient pas que leur génie créateur venait d’offrir au pays à la nouvelle industrie minière un outil précieux dont ils auraient besoin quelques années plus tard.

La présence des jeunes femmes techniciennes chez SSM en fait une référence congolaise du Gender et la promotion de la jeunesse (Photo : SSM)

Déterminée, ambitieuse et dotée d’un équipement moderne, utilisant des techniques qui répondent aux normes internationales depuis son lancement  et employant un personnel hautement qualifié qui bénéficie des formations régulières tant au niveau national qu’international, SSM est aujourd’hui un de quelques rares, d’autres diraient l’unique, les mieux outillés du secteur que les multinationales.

Mining News Magazine suit depuis plusieurs années la trajectoire de  cette société qui fait la fierté des congolais dans un secteur où sévit une concurrence déloyale et disproportionnée de la part des certaines multinationales qui bradent souvent les prix, mais qui ont parfois peur de ce laboratoire devenu une référence dans l’industrie de cuivre et cobalt au Congo-Kinshasa.

Equipements, une référence

Un technicien de SSM en plaine analyse au laboratoire (Photo : SSM)

Au courant de la décennie 2000, il y a une forte ruée vers le cuivre et le cobalt de la province congolaise du Katanga où les chinois, indo-pakistanais, européens, australiens, canadiens, américains et africains y montent des entreprises minières pour profiter des cours métaux et de la bonne qualité de minerais. Certains respectent la législation minière en matière d’analyse des produits nouvellement promulguée, d’autres la viole en montant leurs propres laboratoires au sein des usines avec des instruments de pacotille.

Pour servir ceux qui étaient épris de bien faire les choses, des jeunes entrepreneurs congolais connaissant le secteur des mines créèrent ainsi à Likasi la Société de Surveillance Minière (SSM) aux capitaux et actionnariat 100% congolais (katangais) avec l’appui moral et sur conseil d’un certain génie de l’entreprenariat privé Billy Rautenbach, alors Président de Congo Cobalt Corporation (CCC), avec siège d’exploitation dans la même ville minière de Likasi au Katanga.

Aujourd’hui, le laboratoire est organisé de telle sorte qu’il peut se déployer très rapidement partout dans les zones minières de l’ex-Katanga et en République Démocratique du Congo, grâce à son charroi automobile qui permet à ses techniciens de se déplacer selon les demandes des clients.

Conscient d’opérer dans un domaine de détection de l’infiniment petit et informé que la technologie évolue et se perfectionne, SSM investit dans ce qui est utile et s’est doté des équipements hautement électroniques viables afin de fournir aux clients un service complet. On dirait que c’est ”le client d’abord” pour son méticuleux Directeur Général Johnson Deroyer Mutale dont le goût pour la perfection et la haute technologie est un secret de polichinelle : ”Nous devons nous aligner pour ne pas régresser. Nous ne surinvestissons pas mais nous voulons satisfaire le client au-delà des bénéfices. Nous avons une capacité d’analyse très intéressante, une ligne de contrôle-qualité trop sévère (pas complaisante) pour garantir la fiabilité.”

En effet, la Société de Surveillance Minière a une capacité installée capable de traiter plus de 400 échantillons par jour mais qui traite seulement 70 à 80 échantillons. Une sous utilisation en attendant la sollicitation des clients.

Ce qui fait la différence

Le laboratoire SSM opère dans des conditions saines pour protéger la nature et la qualité des échantillons à traiter (Photo : SSM)

Contrairement aux autres laboratoires opérationnels dans le secteur, une des clauses du contrat que SMM  signe avec ses clients lui garantit le droit de prélever elle-même les échantillons à analyser sans se contenter de traiter, d’analyser les échantillons prélevés par les clients. ”C’est le laboratoire qui échantillonne, pas le client,” tranche pince sans rire le Directeur Général avant de préciser : ”En tant que laboratoire, nous agissons dans l’intérêt du gouvernement congolais qui nous agrée en tant que privé pour seconder l’OCC (Office Congolais de Contrôle, Ndlr) qui a le mandat de le faire. Nous n’agissons pas dans la complaisance pour protéger les intérêts des miniers. Nous faisons toujours comprendre à nos clients que notre respect de la loi dans les services fiables et de qualité que nous leur offrons les sécurise face à l’Etat parce tous les frais des laboratoires sont déduits sur la redevance minière. Donc, nous assistons l’Etat à bien servir les miniers et autres clients et non le contraire.”

Pour réussir sa mission et gagner ce pari, l’accent est mis sur trois facteurs importants : l’investissement dans la mobilité (véhicules tout-terrain), l’investissement dans l’humain (échantillonneurs sur terrain, sur site, dans les installations du client) et enfin l’investissement dans la rapidité pour gagner en temps. ”Aucun minier, client n’est patient à propos des résultats des échantillons,” argumente Johnson D. Mutale.

En plus du charroi automobile  imposant, emploie cent 101 agents parmi lesquels un seul expatrié (nigérian) trainant avec lui une  respectable expérience acquises dans plusieurs laboratoires africains dont ALS mondialement connu mais absent de la RDC. ”Je veux bien engager les expatriés mais je le fais autrement en tenant compte des compétences. Notre personnel est 99,9% national mais très qualifié avec des recyclages permanents ici et à l’étranger comme avec chez Perkin Elmer, Malvern, etc..”

Concurrence déloyale et disproportionnée, un Défi

Mieux outillée que les multinationales opérationnelles dans l’ex-Katanga, SSM fait pourtant face à une concurrence déloyale et disproportionnée des mêmes multinationales qui viennent en République Démocratique du Congo. Un ancien technicien du laboratoire multinationale Robinson travaillant aujourd’hui dans une société minière confiait à Mining News Magazine :

”Tous ces laboratoires venus de l’étranger débarquent en RDC  avec des accréditations sud-africaines obtenues seulement pour l’Afrique du Sud afin d’attirer les miniers principalement anglo-saxons mais qui ne sont pourtant pas valides pour notre pays. Beaucoup d’expatriés qui y sont touchent des gros salaires alors qu’ils ne maîtrisent rien, aucune connaissance de l’usage des équipements ni l’interprétation des analyses. C’est injuste, de la concurrence déloyale contre les rares laboratoires congolais qui méritent la confiance parce que faisant mieux que tous ces gros noms en anglais.”

Pour ne pas tomber dans la même escarcelle, SSM a une accréditation de l’OCC valide pour le pays et est encore très avancée dans la ligne des accréditations ISO17025 auprès de la SATAS connue pour sa rigueur.

Le Directeur Général explique : ”Accréditation ou Certification signifient fiabilité des analyses. Nous avons la confiance des clients et essayons de les fidéliser dans un secteur où il y a moins de débouché. Il y a aujourd’hui 7 à 8 laboratoires dans l’ex-Katanga pour trop peu de PE (Permis d’Exploitation). Il fallait laisser les nationaux se concurrencer, mais malheureusement on y mêle les étrangers qui ne jouent pas avec les mêmes critères ; chacun semble enclin à donner à son frère du pays. Nous connaissons nos concurrents, des multinationales  et n’avons pas peur d’eux parce que nous sommes fiers sûrs de la qualité de nos services malgré la réticence de certains miniers. Ils obtiennent facilement les crédits des banques d’investissements, nous nous débrouillons ici avec nos épargnes parce que ces banques là n’existent pas encore. Que les plus grandes entreprises minières éprouvent nos compétences pour réaliser qui peut mieux leur offrir sans brader les prix.”

Il est notoire que les multinationales, qui doivent s’ouvrir et éprouver la confiance des nationaux ne font pas, sinon ne font que très peu, confiance aux nationaux dans la sous-traitance minière dans l’ex-Katanga ; les laboratoires des congolais connaissent aussi le même sort en violation du principe légal que dit ”qu’à niveau égal, privilégier les nationaux”. ”Pourquoi ne pas privilégier les laboratoires nationaux dans le secteur minier de la RDC?” S’interroge le confrère Parfait Barack qui est aussi enquêteur chez RND Asbl, une Ong active dans la défense des droits sociaux et économiques des peuples. ”A compétence égale, il faut privilégier les nationaux qui font preuve plus que les autres,” pense-t-il. Pour SSM : ”Il faut fermer le secteur des laboratoires miniers aux multinationales qui aiment bien brader les prix pour les répercuter ailleurs afin de donner la chance aux jeunes étudiants congolais que les laboratoires des nationaux encadrent de pratiquer aujourd’hui et demain.”

Le Directeur Général de SSM , en expérimenté averti du secteur minier, conseille aux miniers d’approfondir les sondages à faire analyser pendant l’exploitation, autant qu’ils le font pendant la prospection pour déterminer les quantités d’une réserve, afin d’élaborer un budget réaliste, concevoir un bon design minier malgré le coût.

Fièrement Congolais – Proudly Congolese

Johnson Deroyer Mutale, Directeur Général de SSM dans son bureau de travail à Lubumbashi lors de l’entretien avec Franck Fwamba de MNM en Août 2015 (Photo : MNM)

Soumise aux mêmes obligations que les sociétés minières avant et après l’agrément : EIE, PGEP, Redevance annuelle par entité (Usd150.000), tous les impôts reconnus à toute société, déclaration des Comptes bancaires pour retracer les 40% doivent être rapatriés alors qu’aucun client n’est une société de droit étranger, etc., le laboratoire SSM est aussi outillé est calibré pour les résultats géologiques (recherches) offrant plusieurs avantages aux clients dont : prendre moins de risque en analysant sur place les échantillons qui se contamineraient facilement lors de l’exportation pour analyses à l’étranger ; la rapidité dans l’obtention des résultats et la viabilité des résultats grâce à un travail sans complaisance.

Il est aussi vrai que l’Etat gagnerait beaucoup d’argent en taxes dont la TVA (Taxe sur valeur ajoutée, Ndlr) sur le volume des échantillons du pays  parfois plus grand que les exportations que les miniers font sortir du pays pour analyses à l’étranger.

Evoluant dans un milieu difficile, SSM propose que les laboratoires s’organisent en corporation, envisage la diversification.

”Dans ses missions, l’OCC doit contrôler l’origine (conformité), la qualité (certification) et la quantité mais ne fait pas des analyses commerciaux qui sont du ressort d’un ou des laboratoires spécialisés. Nous analysons aujourd’hui les produits marchands mais pour tenir, nous irons dans les analyses des sondages, dans les analyses agro-alimentaires ; études de l’environnement ; analyses du sol, de l’eau, de l’air sans se mettre à dos l’OCC qui doit comprendre que le secteur est libéralisé.”

Lorsqu’on lui demande de définir brièvement le laboratoire de la Société de Surveillance Minière (SSM), le Directeur Général Johnson D. Mutale répond sans perdre le temps : ”Le sérieux.” Et il explique : ”Pas personnel complaisant ; personnel qualifié et régulièrement recyclé ; Société de droit congolais (actionnaires 100% congolais) ; travail aux congolais, promouvoir les compétences congolaises ; haut sens de civisme fiscal et développement ; efforts d’être à la page sur le plan technologique, être à la pointe avec du matériel de dernière génération.”

C’est vrai que SSM est annuellement audité par des experts du gouvernement (Ministère des Mines) et par un cabinet d’audit indépendant comme l’exige la législation congolaise. Des rapports sont disponibles à sa Direction Générale à Lubumbashi.

Par Franck Fwamba

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